Cette histoire que je te raconte aujourd’hui est l’une des plus tristes de ma vie.
C’était son rêve, avoir un bébé. Elle y tenait à tel point que dès qu’elle a su que j’étais enceinte, elle m’a rendu visite sans perdre une seconde de plus. Ces visites devenaient de plus en plus fréquentes jusqu’à ce que je ne sois à terme. Elle disait et répétait avec des yeux rêveurs et tout étincelant d’émotions qu’en passant tout son temps avec moi elle finirait elle aussi par avoir son bébé très bientôt.
Tu sais c’était très mignon de la voir ainsi… Etant tellement à mes petits soins, elle me dorlotait au point où on se demanderait si en fin de compte je n’étais pas le bébé?
Tu l’auras ton bébé en temps opportun lui répétais-je à tout moment.
Et un jour je reçus ce message « Edwige je suis enceinte » me dit-elle. Je viens de faire le test mais j’ai des écoulements de sang : ce message je m’en rappelle comme si c’était hier et je me rappelle également des conseils que j’ai eu à prodiguer à ma très chère amie, tout en lui exprimant toute la joie que venait de me procurer la nouvelle. J’étais aussi très touchée par la confiance et l’estime qu’elle avait à mon égard.
Va immédiatement te faire consulter à l’hôpital s’il te plait, une femme enceinte avec des saignements cela peut ne pas être bon signe et il vaut mieux que nous soyons rassurés.
Comment t’expliquer la joie profonde que c’était pour moi de savoir que le rêve de ma chère amie allait devenir réalité et rien que de nous imaginer toutes deux mamans avec nos bébés j’étais aux anges.
Revenue de l’hôpital, elle m’informa des directives reçues et me précisa qu’elle était enceinte de trois semaines et qu’il était possible qu’elle perde son bébé si elle ne faisait pas attention à sa personne. Les dits saignements étaient appelés règles anniversaires car en fait elle aurait dû avoir ses menstruations normales les jours là…
Rassure toi et confies toi à Dieu lui dis-je tout en faisant bien attention, à toi comme on te l’a recommandé à l’hôpital.
Ah le bonheur de devenir mère est une sensation si intense, tellement intense qu’il n’y a pas un seul mot en ce bas monde qui pourrait décrire ce bonheur immense, cette joie profonde, indescriptible que de se dire « une vie grandit en moi ».
Certes à des moments, la peur de tout ce que cela induit comme responsabilité nous fait nous inquiéter de ce que sera le lendemain, on se pose des questions essentielles « serions-nous à la hauteur, notre enfant nous aimera-t-il ? Serons-nous une bonne mère ? Ferons-nous les bons choix ? »
Des questions auxquelles nous trouvons forcement des réponses car notre amour pour ce petit être innocent qui vient est trop grand pour que ces doutes troublent autant notre esprit.
Ainsi ces questions laissent place aux rêves des futurs moments que nous passerons avec notre enfant.
Dès le lendemain, elle s’est mise à télécharger des images de certaines mamans et leurs filles (elle désirait tellement avoir une petite fille), images qu’elle m’envoya par la suite. Nous causions de tout et de rien, je lui donnais les conseils que je ai eu à recevoir aussi pour le bien être de mon futur bébé et moi.
C’était mon devoir je prenais du plaisir à le faire aussi surtout que craignant la réaction de sa mère elle ne pensait pas l’informer pour le moment.
-L’as-tu dit à Norbert ?
-Non me répondit-elle
-Tu dois le faire s’il te plait, malgré tout il a le droit de savoir, il est le père de cet enfant. Et cela est plus important que vos malentendus du moment.
-Ok je le ferai, me promit-elle.
Malheureusement deux semaines plus tard, suite à de nouveaux saignements elle n’avait plus que ses yeux pour pleurer toutes les larmes de son corps, son cœur pour supporter cette immense douleur. Elle venait de perdre son bébé, oui elle a perdu le rayon de soleil qu’elle attendait pour donner de l’éclat à sa vie. Le pire c’est que Norbert n’était pas là pour la soutenir, d’ailleurs il n’y croyait pas. Pourtant elle lui avait bien dit qu’elle attendait un bébé, leur bébé en n’espérant que rien que pour ce petit innocent il ferait preuve de bon sens et oublierait leurs différents pour un moment.
Quelle déception ce fut pour elle de constater que non seulement il ne la croyait pas mais il ne la ménageait toujours pas de ces incessantes disputes.
Quel dommage de traverser ce drame sans les bras de sa mère pour la consoler et recueillir toutes ces larmes qu’elle ne pouvait pas retenir.
Sa maman ne le saura finalement jamais que sa fille a hébergé ne serait-ce que pour quelques semaines en son sein une vie, celle de son petit enfant.
Hmmmmm ma très chère amie courage à elle.
Je ne saurai quel nom donner à ton chagrin si grand, si intense, comment puis-je moi pouvoir nommer cette tristesse sans fin qui siège désormais au fond de ton cœur ? Même les grands académiciens de notre langue n’ont trouvé aucun mot pour désigner ce parent qu’il soit homme ou femme qui perd son enfant.
Quelle désolation ! Quelle peine ! Quelle tristesse, je sentais mon cœur déchiré, mes yeux coulaient. Ironie du sort je ne pouvais pas être là pour la prendre dans mes bras, pleurer avec elle.
Voilà des jours que tu ne sors presque plus de la maison, que tu peines à manger.
Te voilà, toute seule face à cette horrible souffrance, sans le soutien de ta mère et encore moins de celui-là que tu aimes tant et de qui malgré tout, tu te réjouissais de porter l’enfant.
Adieu petit ange, toi qui n’as pas pu voir le jour n’oublie pas de toujours prier pour celle qui a tant désiré te porter dans ses bras.
De là-haut, veille sur elle.
Quant à elle, elle se contentera de chérir les émotions qui l’ont animée ces quelques semaines qu’elle t’a porté en elle.
J’espère petit ange que ce n’est qu’un au revoir et que très bientôt tu reviendras parmi nous.
En attendant ce nouveau jour, nous tes mamans : ta maman biologique et moi ta maman de cœur te disons bonne route auprès de ton créateur.
Rêve brisé, histoire d’une vie.